‘Tout composé est impermanent’. Mahâyâna
La civilisation angkorienne
L’empire khmer fut un royaume florissant du IXe jusqu’au XIIIe siècle contrôlant, selon les périodes, des régions appelées aujourd’hui Voir la carte Cambodge, Thaïlande, Laos, Viêtnam, Myanmar (Birmanie) jusqu’en Malaisie. Les principaux vestiges de l’empire khmer sont sa capitale Angkor, située à la pointe du lac Tonle Sap*. Aujourd’hui encore, le site d’Angkor témoigne de la richesse de l’empire Khmer, ainsi que de la diversité des croyances religieuses : l’hindouisme, le bouddhisme mahayana et le bouddhisme theravada. La civilisation khmère fut très influencée par la vie culturelle indienne. Le bouddhisme s’est progressivement imposé à côté de l’adoration de Shiva et autres divinités hindouistes tout en cohabitant avec le culte du Dieu-roi. Excepté les inscriptions taillées dans la pierre, aucun témoignage écrit n’existe. Ce que nous savons de cette période de la civilisation khmère se limite à l’épigraphie découverte lors de fouilles archéologiques, aux épitaphes visibles sur certains monuments, aux exceptionnels bas-reliefs visibles dans certains temples décrivant des exploits guerriers et la vie quotidienne, enfin quelques récits de voyageurs, missionnaires, marchands ou émissaires chinois.
*Cette implantation ne fut sans doute pas le fruit du hasard. La vie autour du lac Tonle Sap, zone humide intérieure la plus importante d’Asie du Sud-est, est directement lié au cycle annuel des inondations. Élevée au rang de ‘Réserve biosphère’ par les Nations Unies en raison de son importance environnementale, le Tonlé Sap représente l’une des réserves d’eau douce les plus productives en matière de pêche dans le monde. Par un phénomène hydrologique unique, la rivière Tonle Sap va en effet s’écouler quelque mois, faisant baisser le niveau du lac de façon considérable, avant de renverser son cours à la saison humide, refoulée par les eaux du Mékong, pour remplir le lac à nouveau sur 1 à 1.6 million hectares.
Jayavarman VII
Ce roi est connu comme le dernier grand roi d’Angkor et pour les grands travaux réalisés durant son règne, notamment la nouvelle capitale, baptisée Angkor Thom qu’il a créée. Les photographies satellite ont révélé qu’Angkor Thom – dont la population était estimée à un million d’habitants – était étendu sur plus de 1.000 kilomètres carré ce qui en fait le centre urbain connu le plus vaste du monde préindustriel. Un réseau routier fut développé pour connecter les villes de l’empire. Sur ces routes, 121 gites d’étape furent créés pour les marchands, les fonctionnaires et les voyageurs. Enfin, 102 hôpitaux furent disséminés sur l’ensemble du territoire.
Déclin et chute d’Angkor
Une thèse récente attribue la chute de la civilisation angkorienne et de l’empire angkorien à un désastre écologique et à une faillite des infrastructures. La prospérité du pays reposait sur un système hydraulique élaboré de réservoirs (Baray) et de canaux utilisés pour le commerce, les déplacements et l’irrigation. Dans le même temps, de nouvelles zones de forêt furent défrichées sur les monts Kulen au profit de rizières nécessaires pour nourrir des habitants de plus en plus nombreux. Cela favorisa l’érosion des sols et les eaux de pluie ne tardèrent pas à transporter des sédiments qui encombrèrent le réseau de canaux, qui avaient de plus en plus de difficultés à répondre aux besoins croissants de la population. Ces canaux, ne pouvant plus remplir efficacement leurs rôles, le manque d’eau se fit bientôt sentir, entrecoupé d’inondations massives que les digues en mauvais état ne pouvaient plus trop contenir.